Depuis la nuit des temps, subsiste au sein de notre inconscient collectif, cette phrase mythique sur la conjugalité « ils furent heureux et eurent beaucoup d’enfants… ». Néanmoins la suite de l’histoire ne nous est pas dévoilée… Et pour cause !!!

Chacun de nous, construisons notre relation de couple, de façon unique et particulière, en traversant plus ou moins les mêmes différentes étapes, surtout quand la vie à deux se prolonge : la rencontre amoureuse, la vie commune, la naissance et le départ des enfants… Le passage d’une étape à la suivante vient déstabiliser la relation, laissant émerger des problèmes de couple dus à des conflits non dits et non-résolus, à des besoins et des attentes non assouvis pouvant provoquer la crise conjugale. Vivre en couple est un défi permanent qui exige une remise en question de soi même avant même d’exiger celle de l’autre.

L'étape fusion

Aimé où être aimé est un besoin universel partagé, où la dynamique du conscient et de l’inconscient va être à l’œuvre dans notre choix amoureux. Les histoires d’amour commencent presque toujours par une attirance de l’un ou l’autre qui ne font qu’un. Dans cette alchimie magnétique, ou tout le sensoriel est en éveil et se connecte à l’autre, des investissements conscients et inconscients sont engagés. C’est une période de plénitude ou les amoureux portés par le chant d’allégresse de l’amour, se sentent vibrer, se sentent exister, montrent le meilleur d’eux-mêmes, font des choses qu’ils ne se sont jamais autorisées… L’être aimé n’est pas vu tel qu’il est, mais est perçu par un regard amoureux. Les traits de personnalités sont minimisés… Certaines fois pour vivre en harmonie, un des amoureux va plus ou moins s’effacer, moins s’affirmer devant la personnalité de l’autre. Cette phase de fusion ou de rêve amoureux s’estompe progressivement. La dé-idéalisation envers son partenaire se profile, les deux être aimés tentent d’être acceptés tel qu’ils sont vraiment afin de construire un amour conjugal. Se dessine alors :

L'étape de la lutte de pouvoir

Le couple rentre dans une nouvelle étape, appelée la phase de lutte de pouvoir. Ce qui a séduit chez l’être aimé devient alors l’origine du conflit au sein du couple. Par exemple, « j’étais attiré par son assurance et ses prises de décisions se transforment par : « je ne supporte plus son autorité ». La survenue de conflits, de crises, est à priori normal, et ne veut pas dire que l’on ne s’aime plus ou que l’on se soit trompé de partenaire. Les personnalités de chacun s’affrontent, parce que les deux partenaires viennent inconsciemment réactiver les blessures, les désirs non-satisfaits de l’enfance de chacun.

La communication devient conflictuelle, voire impossible et nos comportements, réactions de l’enfance se rejouent. Ces tensions au sein du couple permettent de mieux se faire comprendre ou mieux comprendre l’autre, pour mieux se faire accepter tel que nous sommes vraiment ou mieux accepter l’autre tel qu’il est vraiment. Le Toi & le Moi apprennent à se différencier pour laisser vivre le NOUS. Cette étape ou la connaissance de la réalité de l’autre et de soi même est indispensable pour bien vivre son couple ou que le couple conjugal devienne aussi un couple parental. Ce que Spinoza soulignait « espérer un peu moins, aimer un peu plus ».

Par ailleurs, l’arrivée de nouveaux évènements dans la vie conjugale peut activer de nouvelles perturbations avec la naissance du premier enfant, du deuxième, les choix éducatifs parentaux qui en découlent. Comme je le dis souvent lors des consultations, les enfants sont de vrais « petits Anges » pour faire évoluer leurs parents. Être parent ne s’invente pas ! En revanche Être parent conscient ne dépend que de notre responsabilité.

L’adolescence et/ou le départ des progénitures confronte la vie parentale à un grand vide surtout si au fil du temps, le couple conjugal s’éclipse pour ne laisser vivre que le couple parental.

D’autres contextes peuvent remuer la vie de couple tels qu’un changement de situation professionnelle, le surinvestissement dans le travail, la perte d’emploi, le départ à la retraite… Par ailleurs, le deuil, la maladie impactent aussi dans la
vie à deux…

Du côté de l’intime, la communication des besoins et des désirs sexuels établit un climat favorable, satisfaisant dans la vie sexuelle du couple, ce qui joue un rôle fondamental dans la relation de couple. Cependant, avec le temps, la sexualité du couple peut glisser dans une routine sexuelle, devenir ennuyeuse, sans désir ou la libido s’étiole chez l’un ou l’autre, voire chez les deux. Le désert sexuel, l’obligation sexuelle ou l’insatisfaction sexuelle peuvent provoquer diverses réactions négatives telles que la colère, la dépression, le rejet, une mauvaise estime de soi… Voire ouvrir une porte à l’infidélité, à la cybersexualité, à l’addiction de la pornographie ou d’autres formes de compensations. Toutefois, l’absence ou le peu de relations sexuelles sein du couple peut être un accord mutuellement partagé. Il n'empêche pas l’amour des deux êtres. Encore une fois, la sexualité conjugale reste unique, singulière et le facteur dominant pour vivre une sexualité épanouie reste la communication. Cela dit parler de sexualité à son partenaire peut ne pas être aisé et naturel.

Nos histoires de couples se construisent à partir de l’héritage de l’enfance, puis à partir des expériences amoureuses passées, à partir du bagage émotionnel, intellectuel, spirituel, pour chacun des deux partenaires. Ce qui vient souligner qu’un couple c’est deux mondes qui s’associent se confrontent, se régulent, deux mondes qui apprennent à s’aimer. Le couple est le seul responsable de la construction de son histoire et de la qualité de sa relation.